L’émotion, est ce qui nous met en mouvement
Pour argumenter :
« La posture n’est pas seulement le maintien de l’équilibre, elle est aussi l’expression des émotions » Berthoz A. Le sens du mouvement 1997 (Collège de France). Au quotidien, l’attitude posturale de nos proches va nous permettre de connaître leur état émotionnel. C’est la base de la communication non verbale.
« L’esprit ne se connaît lui-même qu’en tant qu’il perçoit les idées des affections du corps ». Spinoza (1632-1677). Nous apprenons toute notre vie à travers le ressenti de nos expériences corporelles
Théorie de James et Lange (1884) : l’émotion incarnée. « Nous nous sentons triste parce que nous pleurons, en colère parce que nous frappons quelqu’un et effrayé parce que nous tremblons. »
Antonio Damasio (2003): « L’esprit est modelé par le corps ». Découvreur des marqueurs somatiques (corps), éléments importants dans l’élaboration des émotions qui dirigent nos prises de décision.
Les modifications sensorimotrices du corps vont induire une modification du ressenti des émotions : «la durée d’utilisation de la tétine a été associée à une réduction des mimiques faciales chez les garçons. Deux études par questionnaire, de jeunes adultes, montrent une minoration de l’intelligence émotionnelle ». Niedenthal & Coll 2012.
Les informations nerveuses provenant du ventre influencent directement les émotions : Stéphen Collins, 2009.
Les ressentis d’émotions spécifiques sont corrélés à la vascularisation de certaines zones corporelles correspondantes. Une carte corporelle des émotions a été établie par une étude finlandaise publiée le 31 décembre 2013 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, Lauri Nummenmaa,and al : bodilymaps of émotion PNAS January 14, 2014
Lorsque l’on parvient à modifier les réflexes perceptifs corporels, on modifie l’interprétation et le développement des émotions.
Il est probable que cette modulation passe par les voies de la mémoire procédurale (celles du corps).
Pour résumer :
Damasio nous apprend que la prise de conscience de l’émotion se fait postérieurement au ressenti corporel, ensuite, elle informe notre cortex, participe à la prise de décision. Donc, les émotions motivent notre action.
Mais les émotions perturbantes, sont compulsives et quasiment permanentes. On peut parler d’hypersensibilité pour telle ou telle émotion (angoisse, colère, tristesse…). Cette hypersensibilité permanente nous empêche d’agir rationnellement : la sensation provoquée par l’émotion prend tout le devant la scène et bloque la réflexion ou l’inhibition.
Ce type d’émotion compulsive pathologique nous emprisonne et nous empêche de prendre nos décisions. Nous n’agissons plus librement, mais par réaction réflexe.
Dans des cas d’urgence, cela peut être nécessaire, mais dans la vie de tous les jours, c’est un état limitant. La posturologie peut modifier les réactions réflexes compulsives.
Lorsqu’on améliore la posture de nos patients, on observe en même temps une amélioration du comportement émotionnel :
Plus on est stable physiquement, et plus on est stable émotionnellement:
- Certains enfants font beaucoup moins de colère.
- Certaines personnes sont moins dépressives.
- Certaines personnes sont moins anxieuses.
Est-ce que la frontière entre le SN périphérique et le SN central nous empêche d’expliquer pleinement la pathogenèse des troubles émotionnels ?
Les découvertes en neurosciences cognitives (plasticité neuronale) nous invitent à envisager le traitement des troubles émotionnels en formation pluridisciplinaire.